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Notre position sur l’incinérateur

Alors que l’incinérateur à l’arrêt est toujours en désamiantage jusqu’à la mi-2018, la perspective d’une rénovation aboutissant à un incinérateur de même capacité (270 000 T/an) se rapproche.

Nous sommes convaincus que nous faisons fausse route en choisissant la rénovation à l’identique de l’incinérateur de Strasbourg. Choisir ce chemin, c’est aller à l’encontre de l’amélioration de la santé des habitants alsaciens. C’est une lourde responsabilité politique vis-à-vis de l’environnement et du bon usage de l’argent public.
La carte postale avec laquelle nous interpellons les élus, les associations et citoyens, est une manière de rappeler que, grâce à la loi, au courant des années à venir, nous nous dirigeons vers une baisse drastique des déchets mis en incinération et en décharge. C’est aussi une façon d’alerter sur le risque, réel, que Strasbourg devienne la capitale des déchets du Grand Est, où brûleraient des détritus venant
de toujours plus loin.

Ainsi, l’association Zéro Déchet Strasbourg, membre de la fédération Zero Waste France, et appuyée par la confédération FNE Grand Est, considère qu’il serait une erreur stratégique majeure de laisser rénover à capacité égale l’incinérateur de la capitale européenne, obligeant ainsi à remplir les fours avec des déchets venant de toujours plus loin. Rappelons également que ces déchets sont acheminés via des camions. Si ce trafic augmente, les poids lourds encombreront toujours plus nos routes, pourtant suffisamment congestionnées aujourd’hui. Sans oublier un impact sur la qualité de l’air,
contraire à la prise en compte de la santé des habitants et au plan “ville respirable en 5 ans”.

L’association Zéro Déchet Strasbourg appelle les élus Eurométropolitains à reconsidérer le projet actuel en faveur d’un incinérateur de capacité inférieure à 200 000 T/an, construit avec une technologie qui tienne compte de la typologie des déchets futurs.

 

DOSSIER D’ARGUMENTATION TECHNIQUE

 

Zéro Déchet Strasbourg, appuyée par FNE Grand Est, interpelle Robert Herrmann et les élus de l’Eurométropole.

À propos de Zéro Déchet Strasbourg
L’une des vocations de l’association Zéro Déchet Strasbourg est d’encourager les décideurs politiques de la ville à mettre en place des pratiques plus responsables en matière de gestion des déchets.

À propos de FNE Grand Est
Pour protéger la nature et l’environnement, l’une des vocations de la confédération France Nature Environnement Grand Est (FNE Grand Est) est de contribuer à l’élaboration d’une politique régionale de prévention et de gestion des déchets, capable de tenir compte de la finitude de notre planète et de la santé de la population.

 

La situation de l’incinérateur et les choix stratégiques à venir
Aujourd’hui, l’association ZDS interpelle également le président de l’Eurométropole, les élus locaux et régionaux sur le devenir de l’usine d’incinération, car une fois les travaux de désamiantage terminés mi-2018, ils laisseront place aux travaux de reconstruction, actuellement prévus avec un remontage des fours à l’identique !

Comme déjà indiqué par courrier à Monsieur Herrmann, “nous saluons les démarches de l’Eurométropole en termes de sensibilisation à la réduction de déchets via le Territoire Zéro Déchet Zéro Gaspillage. Nous saluons également le développement de la collecte des biodéchets et la tarification incitative, sur le futur territoire test sur Strasbourg. Nous constatons cependant que certaines stratégies mises en place sont incompatibles: la politique de prévention et réduction des déchets perd tout son sens à côté d’un projet de reconstruction à l’identique de l’incinérateur.

 

Pourquoi construire un incinérateur de même capacité alors que la France entière enregistre
une baisse généralisée de la production des déchets ?

  • Les premiers échanges du plan régional (PRPGD) en cours d’élaboration confirment pourtant une baisse généralisée des volumes de déchet. ​De nombreuses collectivités, poussées par le nouveau cadre Régional et les objectifs de la loi de transition énergétique – qui fixe à 65% le taux de recyclage en 2025 – font également des efforts significatifs en matière de réduction des déchets.
  • Avec les mesures favorisant l’amélioration et l’augmentation du tri, nous estimons donc que seulement 1/3 des déchets brûlés dans l’incinérateur proviendra de la poubelle bleue des Eurométropolitains. Nous nous interrogeons donc sur la provenance des 2/3 restant des déchets nécessaires à la rentabilité du futur incinérateur tel qu’il est dimensionné.

Les dangers de l’importation des déchets

  • L’importation des déchets en provenance d’autres régions pour alimenter l’incinérateur risque de générer une augmentation considérable des camions autour de Strasbourg​, alors que l’Eurométropole est déjà fortement impactée par une qualité de l’air dégradée et une congestion de son trafic.
  • D’autre part, nous craignons une réelle surcapacité en unité de traitement sur le Grand Est, ce qui était déjà le cas en 2014, dernière année de son fonctionnement sans incident. L’usine, d’une capacité d’incinération de 350.000 tonnes de déchets, n’en a brûlé que 230.000 au maximum dont seulement 128.000 provenaient de l’Eurométropole.
  • Les objectifs et les politiques mis en place par les différents territoires mettront Strasbourg en situation de grande concurrence avec les autres incinérateurs de la région qui sont déjà en surcapacité par manque de déchets.
  • Actuellement, les déchets de Strasbourg sont absorbés par les autres unités régionales sans qu’il y ait une saturation totale. Cette perspective est corroborée par l’avis de l’Ademe, publié le 13 avril 2017, qui confirme que la France est surdotée en capacité d’incinération, et ce dans une perspective de long terme.

L’évolution de la typologie des déchets affecte fortement les modalités d’incinération

Avec la mise en place de la tarification incitative et de la collecte à la source des biodéchets, la composition des déchets ultimes sera différente de la composition actuelle. Par conséquent, ce nouvel incinérateur risque fortement de devenir inadapté à nos propres déchets.

Pourquoi pas s’intéresser à de nouvelles alternatives en termes de valorisation énergétique ?

  • Nous avons conscience que l’usine d’incinération alimente en partie le réseau de chaleur de l’Eurométropole. Nous invitons M. Herrmann à prévoir d’autres sources d’énergies afin de compenser une baisse du volume d’incinération.
  • Le rendement de l’incinération d’un point de vue écologique est non seulement très mauvais, mais il contredit également les principes de la transition énergétique, qui donnent priorité à la réduction des déchets, et non à leur incinération.
  • Une valorisation énergétique est possible, sans les effets pervers liés à une unité d’incinération surdimensionnée toujours en demande de déchets.

Des citoyens en attente d’un comportement exemplaire de l’Eurométropole

En tant que capitale du Grand Est et capitale européenne, Strasbourg est attendue, scrutée, et a une opportunité fabuleuse de montrer la voie aux autres collectivités par ses choix exemplaires. Il  serait donc vraiment dommage d’en faire la capitale des déchets du Grand Est !