Pour un territoire zéro déchet cohérent
« Nous souhaitons tout d’abord souligner l’avancée que constitue la démarche “Strasbourg territoire zéro déchet/zéro gaspillage”. Ce programme établi en collaboration avec l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) permet à ce jour de lancer une dynamique de territoire qui favorise enfin la prise en compte réelle de la problématique des déchets. Un thème trop souvent délaissé alors que ses implications économiques, écologiques et sociétales sont nombreuses. Nous saluons également les créations de postes récentes au sein des services des déchets. »
Un programme encore insuffisant
« Ce programme regorge d’actions qui vont dans le bon sens mais nous sommes inquiets de constater que les principaux leviers de réduction des ordures ménagères comme la tarification incitative ou la collecte séparée des biodéchets (déchets de cuisine) ne bénéficient ni d’un calendrier ferme, ni d’une échéance ambitieuse. Une ville comme Besançon ainsi que des centaines de collectivités ont déjà mis en place cette tarification incitative avec des résultats probants : 30 % des ordures ménagères peuvent en moyenne être écartés de l’incinération ou de la mise en décharge grâce à ce dispositif innovant.
En ce qui concerne la collecte des déchets de cuisine, les engagements concrets et le calendrier restent très flous alors que ces déchets représentent quand même 30 % du volume de nos poubelles. Rappelons que brûler ces biodéchets dans un incinérateur est une aberration au niveau physique, étant donné qu’ils sont essentiellement composés d’eau. Brûler de l’eau, on a connu mieux comme solution efficace. N’oublions pas que la loi de transition énergétique impose la mise en place, par les collectivités, d’une solution permettant aux foyers de trier leurs biodéchets d’ici 2025. Une métropole comme Strasbourg ne doit par conséquent pas se contenter de subventionner les composteurs, ni même attendre 2025 pour se conformer à la loi. Pour exemple, Bordeaux a déjà mis en place un territoire test de 50 000 personnes et compte généraliser d’ici 2020 son dispositif de collecte.
Dernièrement, même la Ville de Paris, avec sa densité très importante, s’est engagée à ce que l’ensemble de sa population bénéficie d’une solution de compostage d’ici 2020. »
Un incinérateur polluant qui contredit la politique déjà engagée
« Nous rappelons que Strasbourg s’est engagée pour devenir “ville respirable” en 5 ans. Or un incinérateur de si grande capacité, de surcroît près de la population, contredit fondamentalement la tenue de cet engagement. En effet, ce dernier émet un cocktail de polluants nocifs pour la santé pouvant provoquer des cancers via des dégagements de fumée, comme le souligne le collectif “Strasbourg Respire”. »
Réduire l’incinération afin d’atteindre un territoire zéro gaspillage/zéro déchet
« L’Eurométropole a annoncé un passage de 4 à 3 fours sans dire qu’il s’agissait de la suppression du four de secours. Cette logique est comparable à la suppression de la roue de secours d’un véhicule…
Nous nous retrouverions donc avec un incinérateur de même capacité alors que, dans le même temps, Strasbourg se lance dans une stratégie de réduction des déchets. Pour ce faire, nous aimerions une plus grande cohérence dans cette gestion globale des déchets, avec notamment une baisse de la capacité d’incinération. Un passage de 3 à 2 fours serait par exemple une grande avancée.
Par ailleurs, l’Eurométropole dit avoir étudié tous les scénarios possibles. Nous exigeons, par transparence, que ces études soient rendues publiques car le scénario retenu aujourd’hui, au delà d’être coûteux, impactant pour la santé à court et long terme et incohérent avec la politique globale de réduction des déchets, nous positionne comme incinérateur de taille régionale. C’est pourtant un débat qui doit avoir lieu dans le cadre de la planification régionale des déchets qui débute. De même, ce scénario pourrait laisser penser que l’Eurométropole ne croit pas à des impacts significatifs de son plan de réduction et de recyclage des déchets. Alors que la baisse drastique de la quantité de déchets produits est tout à fait atteignable. »
L’exemple de Colmar
« Notre voisine Colmar est de ce côté plus vertueuse puisque son syndicat de traitement des déchets a fait deux scénarios sur l’incinérateur : le premier supposerait un investissement de 80 millions d’euros avec maintien de la capacité de traitement, le second s’appuierait sur une politique ambitieuse de réduction à la source des déchets et ne nécessiterait que 10 millions d’euros d’investissement sur l’incinérateur actuel. L’agglomération a opté pour le scénario à 10 millions, souhaitant se tourner vers une réduction des déchets forte dont Strasbourg ferait bien de s’inspirer.
Dans cette même logique, nous nous refusons à accepter que Strasbourg devienne le réceptacle de déchets venant de toujours plus loin, ce qui de surcroît nous amènerait toujours plus de camions sur les routes de la région. Les choix de l’Eurométropole ne doivent aucunement sacrifier la santé des Strasbourgeois ni la politique environnementale de la ville.
Strasbourg nous a montré dernièrement avec la suppression des barquettes plastiques dans les cantines que les élus étaient capables de réagir vite et dans le sens de la préservation de la santé des concitoyens. Nous les appelons donc à actionner plus rapidement les principaux leviers de réduction des déchets, à réduire la place de l’incinération avant la fin du mandat à l’aide d’un agenda clair. Cela apporterait la preuve d’un véritable courage politique et d’un réel engagement environnemental tant attendu par les citoyens ainsi qu’une prise en compte des enjeux prioritaires de santé publique. »
Communiqué de Zéro Déchet Strasbourg, paru dans les DNA du 03 mai 2017